Vol de nuit.
Vous savez donc maintenant, du moins si vous avez lu mon petit chapitre sur la transhumance, que les ruches que l'on déplace se déchargent généralement la nuit.
Une nuit donc nous étions occupés à décharger des ruches avec mon collègue Jean-Jacques, tous phares allumés et moteurs ronronnants, en pleine campagne, tout près d'une résidence secondaire.
Tout à coup, surgit une escouade de gendarmes, mitraillettes aux poings, pour nous surprendre dans notre flagrant délit de cambriolage...
Il est vrai qu'il nous arrive de subtiliser quelques kilos de miel à nos chères abeilles, mais premièrement nous n'en prenons pas beaucoup, et puis de là à nous mettre en cage...
En fait, la maison toute proche accueillait exceptionnellement pour cette époque de l'année ses propriétaires. Ces derniers n'étant pas au courant que leur paysan de voisin nous avait invité à déposer les ruches dans son champ, crurent sans le moindre doute, que nous étions venus les cambrioler !!! Cette réaction était bien naturelle...
Nous entamons donc les pourparlers avec la maréchaussée sous la menace des armes. Au bout d'un moment notre sévère et moustachu maréchal des logis, à demi convaincu, nous demande nos papiers, puis, encore tout "émotionné", finit par lâcher un : "Mais vous êtes fous !!!!!!!". Surpris par cette inattendue réplique, sans voix et à cour d'arguments, nous attendons donc la sentence : c'est pour finir un logique non-lieu...
Dès le lendemain, je suis allé m'excuser auprès des propriétaires plaignants, qui en ont fait de même, et m'ont assuré au moment où nos verres s'entrechoquaient que cela ne se reproduirait plus!
Malgré tout, prudent, je ne pose plus mes ruches à côté de chez eux sans les avoir préalablement prévenus par voie de téléphone.